Le projet de restauration

Croquis et relevé architecturaux ©Denis Coster

« Quelques siècles de profondeur historique constituent un précieux socle symbolique pour construire au présent » (H. Trülzsch et al.)

Une architecture unique

Comprendre pour agir

Le château de Boussu occupe une place de premier ordre dans le patrimoine monumental européen. Il est le premier château homogène de la Renaissance construit au nord de la Loire. Il est aussi la seule synthèse accomplie du classicisme romain et du maniérisme de l’école française de Fontainebleau. Jacques Dubroeucq, d’origine montoise, a su conjuguer ces deux grands courants architecturaux en un lieu unique en son genre devenu un maillon essentiel de l’histoire architecturale européenne.

Le châtelet à lui seul illustre deux caractéristiques majeures de l’architecture renaissante :

  • la symétrie ;
  • le belvédère, un étage largement ouvert, installé sous les toits et faisant office de loggia avec sa vue vers l’extérieur.

Pour une définition du projet

Un monument en partage

Le projet de restauration des ruines du châtelet, classé patrimoine exceptionnel, s’intègre dans le vaste plan de sauvegarde et de mise en valeur du site que poursuit l’asbl Gy Seray Boussu depuis sa création il y a une trentaine d’années.

L’intention du projet de restauration de cet édifice est de sauvegarder le monument, tout en pérennisant sa mémoire, de favoriser sa réappropriation par la communauté et d’offrir une vitrine à la recherche archéologique et historique in situ via l’ouverture d’un Centre d’interprétation du site. Il s’agit de connaître pour agir ; de restaurer, restituer, reconstituer et aménager pour réutiliser ; d’inscrire, enfin, le monument dans le territoire.

La philosophie des interventions tient en trois points :

  1. Maintenir la matière originale du bâtiment primitif tout en complétant celle-ci par une restitution des parties lacunaires et une reconstitution des parties non conservées (dans le but de donner une idée des volumes essentiellement).
  2. Assurer le caractère réversible des interventions, d’une part et une lecture claire entre les éléments restaurés ou restitués et ceux résolument contemporains, d’autre part.
  3. Permettre la réalisation de la structure métallique de la toiture et du belvédère.

Un chantier en plusieurs phases

Préserver la mémoire du passé et savoir s’en libérer

©Denis COSTER

Le chantier est prévu en quatre phases : la restauration de la tour est du châtelet et de la galerie, celle de l’étage au-dessus du porche, la reconstitution de la tour ouest du châtelet et la création d’un nouveau belvédère. Les deux premières phases ont été achevées en 2014 et ont permis l’ouverture du Centre d’interprétation l’année suivante, dans le cadre de l’évènement « Mons 2015, capitale européenne de la culture ».

Les éléments architectoniques découverts en fouilles ont servi à la restauration sur base de l’étude des sources disponibles. Quant aux parties irrémédiablement manquantes, elles sont évoquées par une architecture nouvelle qui préserve les rapports de volumes et de couleurs en rétablissant la symétrie. Ainsi, pour la tour ouest, les troisième et quatrième phases projettent une construction neuve, constituée d’une ossature métallique légère déposée sur les maçonneries conservées. Celle-ci supporte les planchers, les façades, la toiture et des éléments architectoniques du 16e siècle (fronton et belvédère).

La reprise du monument

Une histoire qui s’écrit tous les jours…

Le Centre d’interprétation (salles d’exposition et musée lapidaire) prend aujourd’hui place dans la tour est et les caves de la galerie. L’espace muséal sera agrandi avec la phase 3 et l’aménagement d’une salle d’exposition temporaire à l’étage. Un Centre de documentation ouvrira, juste en-dessous au niveau de l’entresol, au public et aux chercheurs.

Le bâtiment est accessible via des passerelles localisées en lieu et place des anciens pont-levis, tandis que les remblais qui comblent les anciennes douves ont été dégagé sur une superficie et une profondeur relativement limitées en raison de la richesse de ces niveaux archéologiques et des structures qu’ils conservent encore. Cette démarche s’inscrit dans une conservation intégrée du site. C’est dans cette perspective que les vestiges du château, conservés dans le sous-sol depuis des siècles et mis au jour lors des campagnes de fouilles, ont été progressivement remblayés. Des réserves archéologiques sont également maintenues pour les recherches futures.

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